Via Alpina étape 37

De Névache à Modane

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On a mangé dehors hier soir. C'était agréable mais distant, chaque isolé à sa table. Il n'y a qu'un homme parmi les isolés et il ne m'a pas donné envie de lui proposer de partager son repas. Mais quand même, qui prépare de la mousse de betterave et du chili con carne à des randonneurs en dortoir ? Avec un peu de charbon actif, la nuit s'est bien passée. Et je ne me suis pas cassé la figure en descendant du lit !

Je suis parti à 8 heures, après un solide petit déjeuner. Et j'ai bien fait. La montée vers les granges de la vallée étroite n'est pas trop difficile. Le temps menace mais il ne tombe que trois gouttes de temps en temps. Après le col je rencontre une cavalière qui m'interroge : "Comment est-il, le chemin ? Est-ce que ça passe avec un cheval ?". Je fais les yeux ronds : "Je ne sais pas. Je ne suis pas cavalier". Ensuite, mes réponses à ses questions ont l'air de la rassurer. Dès qu'elle et sa monture sont hors de vue, je me souviens de cette petite vire dans un cône d'éboulis où j'ai eu de l'appréhension à m'engager : je m'en veux encore...

J'arrive aux granges sous la pluie et j'ai juste le temps de m'engouffrer dans un des deux refuges gérés par le club alpin italien. En effet, la vallée est une enclave française en territoire italien. Tout est plein et la description que la patronne me fait de l'endroit réservé aux tentes ne donne pas envie. Je décide de poursuivre mon chemin jusqu'au refuge du Thabor, du nom d'un sommet voisin.

Le col est long à atteindre, avec une succession de longs faux-plats montants et de courtes grimpettes abruptes, et un vent du diable. Je croise un couple qui a passé le col sous le grésil !

Au col, je constate que le refuge n'est pas sur le GR. De toute façon, il est complet et je n'ai pas envie de camper dans ces conditions à 2500 m d'altitude. Je décide de rallier Modane, je réserve une chambre à l'hôtel des voyageurs et j'entame une descente de 14 km dont la partie finale est vertigineuse. Cerise sur le gâteau, à 1 km de l'hotel une pancarte : "Amis randonneurs, en raison des travaux de démolition de l'ancien pont et pour votre sécurité, veuillez emprunter la déviation du GR". Heureusement, elle rallonge de moins d'un km, mais ça coupe des pattes qui n'ont pas besoin de ça.

Résultat : aujourd'hui, j'ai battu tous mes records pour un randonnée montagnarde.

Ce soir, Doliprane est mon ami.

Ps : j'arrête de dire que je fais la Via Alpina. Une fois sur deux, mon interlocuteur réagit : "Ah ! Comme Tesson !".