Via Alpina étape 31

De Ceillac au refuge de Furfande

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La soirée à Ceillac est agréable sans plus. Je partage le mini-dortoir avec un membre du club alpin français d'Île-de-France qui a un avis sur tout, et comme disait Coluche, surtout un avis. Par exemple, il a retiré de ses randonnées une typologie précise des peuples qu'il a cotoyés : les corses sont odieux, les suisses organisés et ennuyeux, les italiens conviviaux et pas chers... Quand il m'interroge sur mon sentiment, je lui réponds que les rencontres que j'ai faites ne sont sûrement pas suffisamment nombreuses pour généraliser quoi que ce soit.

Je partage la table avec lui, un marseillais qui pêche dans les lacs d'altitude, un jeune qui veut absolument parler du changement climatique, et un autre randonneur assez taciturne. Bref, on a rassemblé tous les solitaires et ça ne prend pas. En face de moi, par la fenêtre, à l'aire d'envol des parapentes, je vois une voile qui se gonfle régulièrement et qui ne part jamais.

Au réveil, il fait 5 degrés ! Je m'équipe en conséquence et fuis mon parisien qui essaye de parler politique au petit déjeuner. Après un détour inutile par l'église fermée, j'engage la première montée en lacets parmi les sapins, dans le bruit assourdissant des tronçonneuses. La deuxième partie est plus calme. Je passe auprès d'un couple qui a bivouaqué là et qui ne se lasse pas de contempler le paysage ensoleillé.

Le col passé, la longue descente est sans problème. Je croise une fratrie et j'engage une intéressante conversation sur les boucles d'oreilles. Le garçon, barbouillé de noir de charbon, se fera percer les oreilles l'année prochaine mais il n'aime pas trop quand son père met les siennes. La petite en veut, mais elle est trop petite.

Je m'arrête à Bramousse pour boire un coca et j'attaque la deuxième montée. Et là, ça pique ! C'est abrupt (la partie basse est même interdite aux ânes qui doivent prendre la route), caillouteux, et ça fait 1100m. J'y vais doucement mais sûrement, m'arrêtant deux fois pour reprendre des forces. Enfin, j'arrive au refuge de Furfande où j'ai réservé hier soir : le site est absolument magnifique.

Un effort rare mais une belle récompense !