Grand chemin

Etape 8 : de Gerolstein à Daun

< >

Je ponchotte, tu ponchottes...

Depuis 3 jours je ponchotte plus ou moins. L'année dernière, avec le piolet dans le dos, j'avais mis des semaines à affiner ma technique de lancer du poncho par-dessus l'obstacle et face au vent, pour finir par y arriver une fois sur trois. Cette année, pas de piolet ; l'enfilage va tout seul... C'est la pluie qui ne va pas. Je préfère les pluies d'été, des pluies franches qui ne laissent aucun doute sur le moment où on doit bâcher ni sur celui où on peut débâcher, jamais bien longtemps après. Deux situations sont difficiles. La plus pénible, c'est la pluie continue sur la journée. On n'a plus rien de sec : l'enfer ou presque. La plus agaçante, c'est la petite pluie fine intermittente, que je vis en ce moment. Tu hésites toujours à bâcher, mais ça finit par mouiller. Donc tu bâches, mais même si la pluie s'arrête, tu dois garder le poncho pour qu'il sèche. Si tu fais l'erreur de le ranger mouillé dans son tout petit sac, il sera bien mouillé des deux côtés la prochaine fois. Quand il est à peu près sec, tu débâches et tu ranges, et avec un peu de chance... tu recommences. Dix minutes de pluie effective, quatre heures de poncho ! Par dessus le marché, j'ai un poncho-tarp, fermé sur les côtés par de minuscules boutons pression, dont j'ai appris à haïr le petit cri qu'ils poussent quand ils se défont. Avec les cannes, c'est d'un pratique pour les remettre...

Petit bilan après une semaine. Tout va bien. Une ampoule au bout d'un orteil, déjà guérie ; un début de tendinite vite jugulée. Les épaules vont bien, même la droite ; je peux attraper le poncho, jamais loin dans la poche latérale, au prix de mouvements qui m'étaient impossibles depuis des mois. J'ai pris 25km de retard sur mon plan de marche mais c'est la grande ruralité entre les étapes et le temps ne se prête pas au bivouac. Tout le matériel fait son office et je n'ai encore rien perdu ! Vive la vie !